“Le 11 du mois de janvier de l’ an de grâce Notre Seigneur 1394 (1395, nouveau style), Teignant très Saint Père en Dieu, Notre Seigneur Pape Benoist 13ème, Henri, fils aîné du duc Robert de Bar, après avoir reçu la veille, en la chambre de parement du château de Vaudémont, l’ hommage du comte Ferri ler et de la plus grande part des chevaliers du Comté, se rendait avec sa suite en la halle de Vézelise pour y recevoir les devoirs, obéissances et recongnoissance des francs hommes et bourgeois dudit Vézelise”.
En présence d’ une foule de personnes “nobles, non nobles et gens de commun” après lecture des lettres de foi et hommage du comte, lesdits bourgeois appelés les uns après les autres et sur le commandement du comte Ferri “jurarent aux Saints Évangiles de Dieu par euh corporellement touchés et en la main dudit Monseigneur Henri de Bar, lequel tenait lesdites Evangiles, de tenir et garder les convenances et faire les obéissances contenues es-dites lettres”…
Voici le texte le plus ancien qui mentionne expressément l’ existence d’ une halle à Vézelise.
Mais ne peut-on remonter plus haut dans le temps ?
Dans un document du 13 avril 1398, le comte Ferri rachetait pour 2 livres tournois une rente de 26 florins qui devait être payée annuellement à la veuve de Simon Trouvedeniers de Neufchâteau – rente prélevée sur la vente de la halle de Vézelise.
Les marchandises qui s’ échangeaient sous la halle étaient taxées au profit du comte, ce qui lui procurait une source de revenus.
Or, en février 1314, Henri III comte de Vaudémont et son épouse Isabelle de Lorraine, en reconnaissance des services que leur avait rendus Messire Symon Trouvedeniers de Neufchâtel, chevalier, avaient constitué à son profit une rente de 20 livres de petits tournois vieils à prendre chaque année sur la vente de Vézelise, moitié à la Saint Jean-Baptiste et moitié à la Saint Etienne.
Par ailleurs, le jour de la Circoncision 1336, le même Henri III faisait don à Gérard Fresnel, écuyer, en héritage perpétuel, de 8 livrées de terre à petit tournois, à prendre sur la vente de Vézelise.
Mais plus de soixante ans plus tôt, la veille de la Saint Pierre 1272, le comte Henri II avait, quant à lui, déjà octroyé à son oncle Thiébaut, trésorier et archidiacre de la cathédrale de Toul, pour la célébration d’ un anniversaire pour lui et ses prédécesseurs, 100 soldées de terre à prendre chaque année sur la vente de Vézelise à la foire de Saint Remy.
Ce texte prouve qu’ il existait, dès le XIIIe siècle, au moins une foire à Vézelise et on peut supposer qu’ une halle destinée à abriter marchands et marchandises s’ y élevait déjà.
À nouveau, le 10 septembre 1414, Ferri Ter et son épouse Marguerite rachetaient à Nicolas Regnault, licencié ez lois, moyennant un capital de 300 écus de bon or, 52 florins 1/2 de rente par an “sur les halles de Vézelise”.
Enfin, le 30 janvier 1421, le comte Antoine, son fils, vendait à Jean Rousselet et Oudette sa femme, une place au-dessous des loges allant à la halle de Vézelise. Nous ne savons en quoi consistaient exactement ces “loges” mais l’ expression pourrait suggérer une sorte de galerie couverte et ouverte en arcades où auraient été disposées des boutiques.
L'auditoire de justice
Dès le XVe siècle est attestée l’ existence d’ un autre local inclus dans la halle et bizarrement appelé “la HUGE DES POUGNETS”.
Ainsi en 1464, le bailli ordonne de faire fermer les baies de “la huge des pougnelz en la halle”.
En 1469 – “Ouvrages de charpenterie faits en la halle est assavoir le toit depuis et devant la huge des pougnets”.
Pour savoir à quoi pouvait bien correspondre le local ainsi nommé, il faut consulter les registres des receveurs du XVIe siècle: “En la halle de Vézelise …il y a ung lieu au bout de la grande halle, appelé anciennement le PARQUET ou la HUGE DES POUGNETZ où se tiennent et doivent tenir les assizes du bailliage” (comptes de 1576).
Par conséquent, cette mystérieuse huge des pougnets correspond au tribunal du bailliage. Ainsi que l’explique le Professeur J. Coudert (Le style de Vaudémont, p. 64-65) ” c’ est là que s’ affrontent les plaideurs avec une violence que rappelle probablement le terme de “huge des pougnetz” dont on se sert pour désigner le local où siège la juridiction bailliagère” et cet auteur précise en note :
“…la “huche” ou “huge” désigne une boutique où sont étalées les marchandises et le “huchement” est une proclamation faite à cri public notamment pour assurer la convocation des plaideurs en justice. Quant au mot “poigne” ou “pougnis”, il a la signification de lutte, de combat. La vieille appellation de “huge des pougnetz” remonterait-elle à époque où la procédure connaissait encore le duel judiciaire, après qu’ un huchement ait convoqué les adversaires devant la justice ? Cela n’ est pas impossible”.
Cet auditoire, comme on I’ appelle plus communément au XVIe siècle, est donc situé à une des extrémités de la halle, et sans doute à l’ extrémité sud-ouest, mais fait partie intégrante de cette halle ainsi que les mentions suivantes le démontrent clairement.
En 1569, Nicolas Goeury “fait tout à neuf la toiture sur la ravance de la halle dessus l’auditoire des causes du bailliage du Comté à Vézelise”, et fournit toutes les lattes “pour ce qu’ il estoit impossible de tenir les (audiences) à cause des pluies qui entraient audit auditoire”.
Puis 34 pieds de chanlattes en fer blanc sont posées “en la toiture de la halle vers l’auditoire”.
La même année, le receveur “fait dépense de 5 frs 6 gros à Maître Mathieu, menuisier à Vézelise, pour avoir fait un pied droit ou jambaige au parquet du siège du bailliage, une porte neuve, un banc et rabillé les trois autres bancs et avoir mis les barres au siège du Sieur Bailly et rabiller les planches dudit parquet”.
Également, Nicolas Didier, serrurier à Vézelise, “a ferré la petite porte du parquet et siège du bailliage, là où on tient les journées du Sieur Bailly dudit Comté, fourni les bandes, angons, clanche, serrure et clefs et les fiches nécessaires pour tenir ledit banc audit parquet”.
Mais les locaux doivent être en piteux état car, au début des années 1570, le bailli Nicolas de DOMMARTIN préfère tenir les audiences chez lui, de l’autre côté de la petite place, en son hôtel de la “rue de la Taincture” (maintenant rue Jean-Baptiste Salle).
En 1577, on songe alors à reconstruire un bâtiment neuf avec greniers au dessus. Le président Thierry ALIX et des officiers de la Chambre des Comptes de Lorraine, arrivent à Vézelise “pour la visitation d’ une place propre pour l’érection d’ ung auditoire et grenier”.
Les travaux ont dû commencer aussitôt mais semblent avoir été abandonnés aussi vite car, la même année, 300 francs sont versés à Nicolas Montaigne, maître maçon du Comté de Vaudémont, “pour les pierres de taille que se sont déjà trouvées taillées et préparées à assembler pour ledit bâtiment et grenier tant pour, fenestrages, cheminées et aultres”.
On ne s’ explique pas pourquoi le projet fut délaissé jusqu’en 1599 où il reprendra vie lorsqu’on aura décidé la reconstruction des halles.
Cette halle primitive devait sans aucun doute s’élever approximativement à l’emplacement des halles actuelles.
En 1449 déjà, les maisons sises en la Grande Rue (de nos jours: la rue Léonard-Bourcier) qui avaient une sortie à arrière, étaient taxées pour cette “issue sur les halles”. Et nous savons également qu’ une ruelle séparait les halles der arrière de ces maisons.
D’ ailleurs, jusqu’ à la fin du XVIe siècle, les propriétaires de ces immeubles – une dizaine – ayant sortie sur la halle, devront annuellement verser une redevance.
C’ est à partir du milieu du XVe siècle seulement que les registres de comptabilité des receveurs du domaine du Comté vont, au fil des ans, nous fournir toutes sortes de renseignements sur les halles, mentions le plus souvent relatives à des réparations qui y étaient effectuées.
En 1466 “payé à Jehan charpentier de Vézelise pour avoir vaqué lui et son varie! sur les toits de la halle de Vézelise et deffaire les gouttières”.
1468 – Divers ouvrages de charpenterie.
Le 20 septembre 1474, “payé à Jehan recouverteur de Vézelise 4 frs 1/2 pour avoir recouvert la petite halle et la maison du bastard au bout de la halle où sont les blés de Madame” (Yolande d’ Anjou).
1475 – ” À Mathieu charpentier dermeurant à Vézelise a été payée la somme de 18 gros pour avoir fait de son mestier le toit de la halle au bout du large de la maison Jehan Guiot, là où on vend les œufs et fromaiches; Et pour avoir recouvert toute la grande halle d’une part et d’ autre”.
De ces deux derniers documents, il ressort qu’ il y avait alors deux halles – la grande et la petite – la petite étant sans doute juxtaposée à la grande, à l’image du collatéral d’une église accolé à la grande nef.
Cette petite halle s’ouvrait du côté de l’arrière des maisons de la Grande Rue dont nous avons parlé plus haut puisqu’alors ces maisons étaient taxées pour “la sortie qu’elles ont en la petite halle”.
Ces halles étaient enserrées à leurs extrémités par des maisons: d’ une part, donnant sur la grande place, vers la fontaine et le château, cette fameuse maison dite “du Bâtard” qui appartenait au Comte, ainsi que la maison “Henri Grelier” elle-même mentionnée dès 1449, sans doute la même qui sera appelée au XVIe siècle “la Haute Maison” alors propriété de la famille Gruyer; d’ autre part, du côté de la petite place, un groupe de maisons dont il sera question plus tard lors des grands travaux de 1599.
En 1510, un couvreur reçoit une somme forfaitaire pour travaux de “recouverture des deux halles pendant trois ans”.
En 1522, il faut remplacer 3.000 tuiles.
En 1563, Nicolas Guerry de Vézelise, reçoit 3 frs pour avoir mis 69 pieds de “chanlattes neufves sur la grande halle contiguë à la haulte maison”.
Mais l’âge commençait à faire peser son poids sur le gros œuvre.
Claudin, charpentier à Vézelise, reçoit, en 1564, 13 frs “pour faire un cheval de min tout à neuf au bout de la grande halle qui par vieillissement estoit rompu et froissé” . La même année on vend “une vieille pièce de bois la plupart pourrie” provenant de la grande halle.
À nouveau, 5.000 tuiles courbes sont employées sur la toiture en 1568. La couverture était donc de tuiles creuses et non de tuiles plates comme actuellement.
En 1569, il faut à nouveau 1.750 tuiles courbes et Thomas Verquelot remplace “31 pièces de bois, 2 pennes, 12 chevrons et 16 lattes sur la toiture de la grande halle proche du poids”.
En 1585, le receveur mentionne que “les deux halles tendent à ruyne par vieillesse”.
On continue cependant à entretenir la toiture coûte que coûte – 2000 tuiles creuses à 2 frs le mille sont encore posées en 1593 – jusqu’ en 1599 où l’on décidera de reconstruire le tout à neuf.
Nous avons vu, mentionnée dans l’onglet précèdent, une réparation de la toiture de la grande halle “proche du poids”, au XVIe siècle. Mais l’existence d’un poids public sous les halles est attestée dès 1442 où l’on fait une dépense pour “les marcs du poiz de la halle”.
Le 6 mai 1496, le duc René II concédait à un particulier une partie du local qui le renfermait.
En 1503, le receveur note une dépense “pour des pierres prises en la carrière de Houdreville pour paver la chambre du poids en la halle”.
En 1591, Didier Cordier de Pulligny fournit “quatre grosses cordes pour pendre les balençoirs du poisot d’ autant que les vieilles estoient rompues et gastées”, tandis que Jean de Lifol, serrurier à Vézelise “rabille” le fléau dudit poids et que Thomas Le Clerc répare la porte du local.
Dès le XVe siècle est attestée l’ existence d’ un autre local inclus dans la halle et bizarrement appelé “la HUGE DES POUGNETS”.
Ainsi en 1464, le bailli ordonne de faire fermer les baies de “la huge des pougnelz en la halle”.
En 1469 – “Ouvrages de charpenterie faits en la halle est assavoir le toit depuis et devant la huge des pougnets”.
Pour savoir à quoi pouvait bien correspondre le local ainsi nommé, il faut consulter les registres des receveurs du XVIe siècle: “En la halle de Vézelise …il y a ung lieu au bout de la grande halle, appelé anciennement le PARQUET ou la HUGE DES POUGNETZ où se tiennent et doivent tenir les assizes du bailliage” (comptes de 1576).
Par conséquent, cette mystérieuse huge des pougnets correspond au tribunal du bailliage. Ainsi que l’explique le Professeur J. Coudert (Le style de Vaudémont, p. 64-65) ” c’ est là que s’ affrontent les plaideurs avec une violence que rappelle probablement le terme de “huge des pougnetz” dont on se sert pour désigner le local où siège la juridiction bailliagère” et cet auteur précise en note :
“…la “huche” ou “huge” désigne une boutique où sont étalées les marchandises et le “huchement” est une proclamation faite à cri public notamment pour assurer la convocation des plaideurs en justice. Quant au mot “poigne” ou “pougnis”, il a la signification de lutte, de combat. La vieille appellation de “huge des pougnetz” remonterait-elle à époque où la procédure connaissait encore le duel judiciaire, après qu’ un huchement ait convoqué les adversaires devant la justice ? Cela n’ est pas impossible”.
Cet auditoire, comme on I’ appelle plus communément au XVIe siècle, est donc situé à une des extrémités de la halle, et sans doute à l’ extrémité sud-ouest, mais fait partie intégrante de cette halle ainsi que les mentions suivantes le démontrent clairement.
En 1569, Nicolas Goeury “fait tout à neuf la toiture sur la ravance de la halle dessus l’auditoire des causes du bailliage du Comté à Vézelise”, et fournit toutes les lattes “pour ce qu’ il estoit impossible de tenir les (audiences) à cause des pluies qui entraient audit auditoire”.
Puis 34 pieds de chanlattes en fer blanc sont posées “en la toiture de la halle vers l’auditoire”.
La même année, le receveur “fait dépense de 5 frs 6 gros à Maître Mathieu, menuisier à Vézelise, pour avoir fait un pied droit ou jambaige au parquet du siège du bailliage, une porte neuve, un banc et rabillé les trois autres bancs et avoir mis les barres au siège du Sieur Bailly et rabiller les planches dudit parquet”.
Également, Nicolas Didier, serrurier à Vézelise, “a ferré la petite porte du parquet et siège du bailliage, là où on tient les journées du Sieur Bailly dudit Comté, fourni les bandes, angons, clanche, serrure et clefs et les fiches nécessaires pour tenir ledit banc audit parquet”.
Mais les locaux doivent être en piteux état car, au début des années 1570, le bailli Nicolas de DOMMARTIN préfère tenir les audiences chez lui, de l’autre côté de la petite place, en son hôtel de la “rue de la Taincture” (maintenant rue Jean-Baptiste Salle).
En 1577, on songe alors à reconstruire un bâtiment neuf avec greniers au dessus. Le président Thierry ALIX et des officiers de la Chambre des Comptes de Lorraine, arrivent à Vézelise “pour la visitation d’ une place propre pour l’érection d’ ung auditoire et grenier”.
Les travaux ont dû commencer aussitôt mais semblent avoir été abandonnés aussi vite car, la même année, 300 francs sont versés à Nicolas Montaigne, maître maçon du Comté de Vaudémont, “pour les pierres de taille que se sont déjà trouvées taillées et préparées à assembler pour ledit bâtiment et grenier tant pour, fenestrages, cheminées et aultres”.
On ne s’ explique pas pourquoi le projet fut délaissé jusqu’en 1599 où il reprendra vie lorsqu’on aura décidé la reconstruction des halles.